Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, encores que monsieur de Rosset ne soit en ce païs, ayant receu
2voz letres, je me suys volu essayer de persuader les gentishomes de
3Chansours, mès je y ay heu si peu de crédit que seullement je n’en ay peu
4tirer ung seul mot de response, que me faict penser que leurs cueurs en
5sont plus endurcis que jamais et que s’ilz avoient quelque bon moyen
6de nuyre, qu’ilz n’y faudroint pas. Si vous voulés user de moyens de la
7justice sans parler de faict de relligion ou conspiration, il y a à Grenoble
8es mains de messieurs les gens du roy, charges souffizantes pour les
9garder de faire les mauvais, qui seroint comme je pense bien aisées
10à exécuter. Vous userés en ce faict des sages résolutions dont vous
11estes costumier, lesquelles je m’essayeray accompaigner du service que
12je vous désire fère en ce faict et en tous aultres où il vous plairra
13m’employer. Je n’ay pas heu si peu de crédit à l’endroit de monsieur de Furmeyer
14qui est résolu de croyre conseil, soit pour le faict de sa conscience, soit
15pour le service de sa magesté, m’ayant asseuré qu’il fera par cy après en sorte
16que ses actions respondront à la volunté et commendemens de sadite
17magesté et aux vostres, comme il espère que l’expérience vous en rende
18asseuré tesmoiniage. J’espère à mon partement de ce païs le vous mener
19pour vous baiser les mains. J’en ay retiré ung aultre de ceste vile que
20s’appelle Sainct Germain et quelques aultres encores et ne voy point qui
21y en aye d’obstiner que troys ou quatre. Là-haut, quand il plairra à Dieu, ilz
22se ravisereront. Sur ce, je vous baise très humblement les mains, saluant
23voz bonnes grâces de mes bien humbles recommandations ; je prie Dieu
24monsieur, vous donner en parfaicte santé ce que bien désirés. C’est
25de Gap, ce XXII décembre 1572.
26Vostre bien humble voysin, serviteur et
27perfaict amy
28P. Evesque de Gap